Un dimanche ensoleillé, du givre à 13h à Rochegude, des cyclistes… La température à laquelle un spéléologue cévenol s’épanouit se trouvant autour de 13°C nous avons décidé de nous plonger sous terre.
La grotte de la Toussaint est connue, topographiée, visitée et même presque vandalisée mais qu’y a-t-il au bout ? Au delà du bout ? Pelles, pied-de-biche, seaux et énergie musculaires sont les ingrédients de la découverte, la désobstruction !
En début d’après-midi nous pénétrons la cavité, Patrice ne la connaissant pas nous prenons notre temps pour aller jusqu’au front de taille. Je ne connaissais pas non plus cette partie profonde de la grotte.
Un tas de cailloux et de terre nous attend, un début de tunnel creusé à son sommet. A tour de rôle nous nous y glissons pour pelleter devant mais aussi dessous, à quoi bon creuser si c’est inaccessible.
Quand à mon tour je gratte et repousse derrière moi des kilos de terre foisonnante, pour le plaisir malgré la difficulté, avec une très bonne lampe et des camarades pour m’aider et me relayer je pense à mon grand-père, mineur, qui faisait la même chose contraint par la vie, une pauvre lampe sur la tête, respirant de la silice… Au front de taille.
Nous sommes 7, Manu, Cécile, Erwan, Manuella, Patrice, Vincent et moi. Il faut gratter et sortir la terre collante et les blocs de calcaire du tunnel, sortir tout ça et en faire un tas, élargir l’étroiture donnant accès à la salle (pour l’instant) terminale, aller jeter un coup d’oeil à la galerie adjacente et essayer de comprendre comment tout cela se ficelle, Vincent est un vrai mange-caillou, il frétille quand il n’est pas au bout. Remplir les seaux et les vider n’est pas une tâche moins physique, le perfo joue son rôle, la pelle américaine aussi, le pied-de-biche n’est pas en reste. Le plafond de blocs devient instable, des siècles d’équilibre sont rompus par nos outils.
Après 4 bonnes heures de travail nous laissons le chantier, les kits sont distribués, le retour s’amorce. Il fait nuit et froid quand nous franchissons le portail de la Toussaint. Je suis épuisé, c’est ma première vraie sortie spéléo depuis mes ennuis de genoux 7 mois auparavant, je suis épuisé. Tout le monde est fatigué mais heureux, nous avons avancé, la distance qui nous sépare du mystère est réduite d’autant.
La désob c’est un travail de longue haleine, d’années, d’une vie, de plusieurs vies, même. Ca peut devenir un peu de votre vie et c’est passionnant et excitant. On compte sur vous pour la prochaine session de désob à la Toussaint.